Historique et contemporaine, festive et chaleureuse, en pleine mutation, la cité wallonne bordant la Meuse se révèle surprenante. Découverte…
Par Martine Delaloye
Comprendre la ville au premier abord n’est pas une évidence. Il faut parcourir ses rues d’où émergent de nombreux clochers, s’engouffrer dans les petits passages, lever le nez vers ses édifices contemporains, grimper sa montagne et surtout aller à la rencontre des liégeois qui parlent si bien de leur ville et ne déçoivent jamais le visiteur. Ville universitaire à l’ambiance animée et sympathique, elle s’articule autour d’un patchwork de quartiers qui lui donnent son âme. Ville d’emblèmes populaires, au patrimoine religieux important, Liège se livre à chaque visiteur selon ses centres d’intérêt et sa curiosité. Décider d’appréhender Liège à travers ses édifices religieux – ville au cent clochers – ses monuments, ses lieux chargés d’histoire, ses musées peut être une option de visite. Mais pas la seule. Certains préfèreront s’aventurer dans des sphères plus insolites…
La ville, ses emblèmes et son folklore
A Liège, il n’y a pas que les gaufres, ni le café liégeois nom donné au café viennois après la guerre de 1914-1918 pour récompenser la résistance des liégeois, ni le fameux chocolat noir artisanal. Pour autant, il ne faut pas manquer de les goûter et aussi d’en faire provision.
Le peket, cet alcool typiquement wallon issu du genièvre est sans conteste la boisson phare du Pays de Liège. Elle a même sa Maison du Peket, un lieu typique de l’Art Mossan, tout de voûtes, de coins et recoins de brique où il se sert jeune ou vieux, sec ou fruité au citron, à la fraise, à la framboise ou encore flambé. Site web : www.maisondupeket.be Et juste devant, figé dans le bronze, Simenon, la figure emblématique de la ville, la pipe à la main, contemple pensivement les passants
Que ce personnage légendaire, cette marionnette de Tchantchès, buveur de peket, peureux ou bagarreur, un peu hableur, soit aussi populaire surtout dans le quartier d’Outremeuse, peut surprendre. Pourtant lié au départ aux épisodes de la vie de Charlemagne, il devient dès la fin du 19e siècle, un des sujets favoris des marionnettistes, un messager du peuple.
La gare des Guillemins, une arrivée triomphale
L’arrivée à la gare des Guillemins est un festival architectural contemporain. Tout simplement impressionnante, la voûte phénoménale d’acier et de verre, œuvre de l’architecte espagnol Santiago Calatrava, que chacun interprète selon son imagination. On peut y voir une silhouette féminine, une aile de papillon… La gare abrite actuellement l’expo da Vinci, l’artiste, l’ingénieur, le gastronome jusqu’au 3 novembre 2024.
De la gare des Guillemins à La Boverie
Tout autour de la gare, émerge un quartier moderne et quelques tours, dont la tour Paradis, bel édifice contemporain, telle une voile dirigée vers le fleuve, point de repère pour s’orienter. Une option est de longer la Meuse, emprunter la Belle Liégeoise, cette élégante passerelle réservée aux vélos et promeneurs, jusqu’au parc de La Boverie, inséré entre le fleuve et la Dérivation.
Là, au cœur de cet espace de verdure, le musée de La Boverie abrite des collections permanentes des Beaux-Arts de Liège et des expositions temporaires. Au bout de la passerelle, l’ossature métallique aux multiples modules qui s’agitent au gré du vent et varie selon la lumière, n’est pas un relais d’antennes mais la Tour Cybernétique de Nicolas Schöffer, œuvre de l’artiste français d’origine hongroise, un passionné des technologies de l’informatique.
En continuant la balade, vers le club d’aviron, au bout du parc, « Les Arcs » sculptures monumentales de Bernar Venet dominent le paysage fluvial et quelques péniches habitées. Une belle idée est de se déplacer sur l’eau grâce aux navettes fluviales.
L’Homme de la Meuse et le Street Art à Liège
Sur le quai de la Boverie, la fresque de l’Homme de la Meuse allongé et coiffé d’un chapeau contemplant un oiseau sur sa main, interpelle le promeneur. Il faut laisser le regard s’évader jusqu’au n° 10 de la rue, pour voir ses jambes. Le dyptique est l’œuvre de l’artiste Sozyone Gonzales. Le Street Art à Liège, est une expression artistique favorisée par l’opération Paliss’art, des œuvres souvent éphémères qui embellisent la brutalité de certaines constructions. Il est difficile de situer le Street Art précisément dans un quartier. Quelques œuvres marquantes à retrouver disséminées dans la ville : hommage à Andy Warehol rue Basse-Wez, Martin Luther King et Nelson Mandela, rue Henri de Dinant, Inside Magritte, rue Valdor, 5, Love, rue Varin, l’amour à coup de poing, ou encore Shake Hands, rue Paradis… Itinéraires commentés. Site web : www.visitezliege.be
Le Musée Trinkhall dans le parc d’Avroy, sortir du conventionnel…
Ce Musée abrite une collection d’œuvres d’art réalisées dans un contexte d’atelier par des artistes en situation d’handicap mental ou de grande fragilité psycho-sociale. Magnifiquement scénographiées, les œuvres – dessins, peintures, gravures, sculptures, provenant du monde entier créent un univers singulier, poétique, souvent émouvant. Quelques œuvres marquantes comme le Musée Idéal, un galion, toutes voiles dehors, où s’accumulent dessins, peintures sculptures, petits objets, théâtre, personnage, une œuvre réalisée au cours de l’année 2019 par des artistes des ateliers du Créahm. Une arche, celle du capitaine de vaisseau Alain Meert. Ou encore une incroyable maison entièrement fabriquée en tissus noués. Chaque œuvre interpelle et ne laisse pas indifférent. Site web : www.trinkhallmuseum
Le quartier d’Outremeuse, le quartier de Simenon et de Tchantchès
Populaire, sympathique, attaché à ses traditions, parcouru par des ruelles fleuries datant du Moyen-Age côtoyant de larges avenues aux façades Art Nouveau, le quartier de la République Libre d’Outremeuse – de l’autre côté de la Meuse – est situé face au centre historique de Saint-Lambert, sur la rive droite de la Meuse, entre le fleuve et la Dérivation.
En s’égarant dans les petites rues, on ne peut pas manquer ces petits autels en bois peint incrustés sur les murs des maisons, où nichent des vierges. Fleuries, illuminées, elles sont et fêtées avec enthousiasme durant 4 j au 15 août. Ce sont les potales, dont certaines sont très anciennes, telle la potale de la rue Beauregard datant de 1636. Un musée est dédié à Tchantchès, né sous les pavés d’Outremeuse, et à sa femme Nanesse. Arrêtez-vous à une terrasse, vous trouverez toujours un riverain pour divaguer sur ces personnages…
Simenon et 0utremeuse, une histoire d’inspiration
L’auteur prolifique de centaines de romans, dont le célèbre Maigret, fumeur de pipe et amateur de bonne chère et de bistrots comme lui, a vu le jour à deux pas de la Place Saint-Lambert. Mais, c’est de l’autre côté du Pont des arches en Outremeuse, aux alentours de l’église Saint-Pholien, que le jeune Simenon a fait ses premières expériences et rencontres dans les lieux les plus insolites qui l’ont inspirés. L’histoire du « Pendu de Saint-Pholien » relatée dans la Gazette de Liège, est née d’un fait réel. « La danseuse du Gai-Moulin » et « Les trois crimes de mes amis » sont également situés à Liège. Une balade sur les traces de Simenon à Liège conduit le visiteur sur les lieux de vie de Simenon.
Notre carnet d’adresses :
Hôtel Yust
A deux pas de la gare des Guillemins, dans le quartier moderne de Liège, cet hôtel à l’ambiance très décontractée et jeune, est totalement adapté aux besoins technologiques de notre époque. Dans le grand hall très convivial au grand salon accueillant, un espace de travail doté du wifi est à disposition. Les chambres contemporaines sont très confortables. Visiter les chambres ikea aux couleurs acidulées des années 70, ce sont des modèles du genre. Une salle de sport et un parking payant sont à disposition. Le roof top offre une belle vue sur la ville et la Meuse. Site web : www.Yust.com
The Street Lodge B&B, une maison d’hôtes d’exception
Installée dans une maison des années 50, cette maison d’hôte ne compte que 4 chambres, dont l’une est nichée au fond du jardin, dans d’anciennes écuries de la fin du XIXe siècle. Toutes remarquablement décorées par Sabine Flaba, historienne de l’art, elles offrent un beau confort contemporain dans un lieu calme. A réserver à l’avance, bien sûr.
Y aller : Eurostar Paris Nord/liège en 2 h 15 mn. Site web : www.eurostar.com
A faire : Le circuit des collégiales – L’exposition Da Vinci jusqu’au 03 novembre 2024 –Le printemps Simenon
Pour en savoir plus :
Consulter le site web : www.visitwallonia.be
(Photos : Martine Delaloye et Office de Tourisme Liège Marc Verpoorten-Liège. et Nicolas Atetson-fresque Palli’art).
